le bien-être du cheval, c’est quoi?

Écrit par Magali Gagnon, Massothérapeute équin


Quand on a un cheval à soi ou qu’il vit chez soi, la question du bien-être semble être une question évidente et donc une priorité pour tout cavalier. Pourtant, il suffit de regarder sur le net ou sur FB pour voir des horreurs, des animaux vivants dans des conditions abominables, laissés livrés à eux-mêmes, sans soin.

Ces cas de cruautés sont sans appel et ne laissent aucune place à l’interprétation. En ce qui concerne les petites négligences quotidiennes, je crois qu’il est de bon ton de faire un petit check up du bien-être équin.

cheval qui mange du foin

Le cheval doit consacrer 18 heures par jour à son alimentation.

Le bien-être, selon le programme européen pour le bien-être animal, se définit en 5 points:

1. Absence de faim, absence de soif

2. Présence d’abris appropriés et maintien du confort

3. Absence de maladie, de blessure et de douleur

4. Possibilités d’exprimer les comportements sociaux normaux pour son espèce

5. Absence de peur et d’anxiété

On peut donc constater que le bien-être, ça n’est pas si simple et que ça demande des connaissances suffisantes. Pour assurer le bien-être, le cavalier propriétaire doit connaitre leurs besoins en termes d’alimentation, de comportements sociaux, les signes de santé et les signes d’alternation de celle-ci.

voici quelques pistes

Les chevaux sont des herbivores qui ont un système digestif différent du nôtre. Ils sont conçus pour manger presque en permanence. Le cheval doit donc consacrer 18 heures par jour à son alimentation. Il est nécessaire à son bien-être de respecter cet état de fait. De plus, en fonction de son activité physique, il peut être nécessaire de lui fournir une alimentation complémentaire au foin, ainsi qu’un supplément vitaminé. Savoir calculer une ration est indispensable (UFC).

Si les chevaux vivent dehors en groupe, l’aménagement doit permettre aux chevaux d’avoir accès au foin. Il est donc recommandé d’avoir plusieurs zones d’affourragement pour que les plus soumis puissent y avoir accès. En fonction de la température, les chevaux consomment entre 15 et 100 litres d’eau par jour. Une eau claire est donc indispensable en tout temps.

En ce qui concerne les abris, un cheval vivant au pré toute l’année doit impérativement avoir un abri ou se protéger des intempéries. Il doit avoir accès à un endroit sec pour se coucher. Bien évidemment, les clôtures des parcs ou stabulations doivent être bien entretenues et sécuritaires. Les aires de transit doivent être dégagées, pas d’amas de tôles, de bois ou autre déchetterie à ciel ouvert.

Pour les chevaux vivants en boxe, la grandeur des boxes doit être calculée en fonction de la taille du cheval. L’ambiance de l’écurie est également primordiale, celle-ci doit être bien ventilée pour protéger les voies aériennes des chevaux, lumineuse et doit permettre aux chevaux d’avoir des contacts sociaux (donc de se toucher). La litière des boxes doit être choisie en fonction des besoins et rester propre et sèche afin que le cheval puisse s’y coucher. Les locaux doivent également être entretenus et propres (enlever notamment les toiles d’araignées) afin d’éviter l’accumulation de poussière. Les abreuvoirs doivent rester propres et accessibles même en hiver.

chevaux avec des couvertures  dans un pré à l'hiver près de l'écurie

un cheval vivant au pré toute l’année doit impérativement avoir un abri ou se protéger des intempéries.

s’assurer que la santé globale de son cheval soit respectée

En ce qui concerne la santé, là aussi il y a des mesures à prendre pour que le cheval se porte bien.

Tout d’abord, l’état de chair doit être correct. Le cheval ne doit pas être trop maigre comme il ne doit pas être obèse. L’état des dents est à vérifier pour permettre une bonne digestion (une fois par an). Le matériel utilisé doit être vérifié et en adéquation avec le physique du cheval et la discipline afin d’éviter des plaies de harnachement et lésions ostéopathiques. Le cavalier devrait tester fréquemment les membres de son cheval (absence de mollettes) et le dos (absence de douleur). Les boiteries sont systématiquement investiguées, de même que les urgences, telles que les coliques. Le cavalier devrait être capable de prendre le pouls, la fréquence respiratoire de son cheval et connaitre les constantes normales. Qui dit santé, dit aussi absence de tic (stéréotypies) comme le tic à l’ours ou à l’air.

respecter LES COMPORTEMENTS SOCIAUX DU CHEVAL

Les chevaux sont des animaux grégaires qui vivent en groupe. Ils ont donc besoin d’avoir un contact physique, olfactif, visuel et auditif avec leurs congénères. Les parcs doivent permettent les contacts mais être aussi assez grand pour permettre l’évitement. Le cheval est aussi un animal de grand espace, il doit pouvoir bouger librement en dehors du travail avec le cavalier (trotter, galoper). Pour ce qui est de la peur et de l’anxiété, il est recommandé de limiter les activités stressantes ou de procéder lentement par exemple lors du débourrage.

Une méthode de travail et d’entrainement éthique est une évidence. Vivre avec des congénères en liberté contribue considérablement à limiter le stress chez l’équidé.

On peut donc constater que le bien-être ça n’est pas si simple. La mise en place de mesures visant le bien-être demande du temps, de l’argent mais aussi les connaissances nécessaires.

Les premières notions juridiques de maltraitance animale remonte à 1829 (état de New York – USA). Pourtant à l’heure actuelle, la maltraitance reste encore très trop pressante. On voit clairement que la bientraitance n’est pas une mince affaire et que cela demande de vrais aménagements et aussi parfois de revoir ses propres idées sur l’équitation et la détention des chevaux. Pour nous, humains, un boxe bien propre et au chaud parait une idée séduisante mais qu’en est-il pour le cheval ?

La bientraitance passe tout d’abord par la connaissance des besoins réels du cheval et de son intégration à son milieu de vie.

Je peux vous dire par expérience que ça n’est pas toujours facile et que prendre de nouvelles habitudes. J’ai eu pendant 15 ans mon cheval au boxe. Ça me semblait normal mais aussi pratique pour moi. Il était toujours propre et disponible pour moi. Un changement de vie m’a obligé à avoir mes chevaux dehors pour un temps et depuis ils ne sont jamais retournés dans un boxe. Leurs équilibre est tellement meilleur depuis qu’ils sont dehors. Mais cela m’a demandé de la remise en question et de l’adaptation.

Je vous invite à une petite introspection et de suivre le chemin de leurs sabots! Écoutez surtout votre intuition. C’est votre meilleure amie!

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