débourrer un cheval trop tôt n’est pas sans conséquence.

Écrit par Magali Gagnon, massothérapeute équin


Le processus de croissance du cheval fait beaucoup jaser depuis quelques années. Pourquoi? Parce que les cavaliers deviennent de plus en plus conscients que débourrer trop jeune peut avoir de sérieuses conséquences à long terme. Nous sommes d’avis que de connaître une base d’anatomie permet de prendre des décisions plus éclairées quand il vient de temps d’entraîner. Dans cet article on vous partage le calendrier de croissance et on vous explique le processus d’ossification pour que vous ayez une meilleure idée du comment du pourquoi.

comment les os du poulain font pour grandir?

Afin de pouvoir croître, l’os est muni de ce que l’appelle un cartilage de croissance. C’est le cartilage de conjugaison. Ce fameux cartilage se trouve au niveau des extrémités de l’os. Il permet la croissance en longueur de l’os. Une fois la croissance terminée, il s’ossifie et n'est plus visible sur les radiographies. 

Le processus d’ossification se fait de bas en haut. Par conséquent, la première structure à terminer son ossification est P3 (phalange dans le pied).

Le jeune poulain a besoin de mouvement pour une ossification optimale de ses pieds. 

les os du cheval sont en constant remodelage

En effet, en leur sein sont produites les cellules osseuses. On les nomme ostéoblastes. Ces jeunes cellules vont maturer au sein de l’os et au fur et à mesure se rapprocher de l’enveloppe de l’os, le période. Quand l’ostéoblaste est mature, donc une cellule adulte, on le nomme ostéocyte. Une fois que l’ostéocyte est arrivé au période, il est décrit car trop vieux. Ce sont les ostéoclastes qui sont les cellules assurant le nettoyage. Ils vont en quelque sorte nettoyer la surface de l’os pour qu’il reste toujours lisse.

C’est grâce à leur intervention que l’os retrouve la forme originelle après une fracture. 

Lors d’une fracture, le processus de restauration de l’os va engendrer un cale osseux. C’est un processus naturel pour viser à restaurer l’os et lui rendre sa résistance. Mais le cale peut gêner la locomotion. Les ostéoclastes vont faire le ménage et éliminer ce cale. 

Ce cartilage va entraîner une élongation de l’os par la formation d’une matrice osseuse. 

Le processus de croissance est contrôlé par le système hormonal. C’est donc un processus contrôlé par le cerveau. Il n’y a donc pas de race plus précoce qu’une autre. 

L’ossification osseuse commence par le bas des jambes et se terminer par la région cervicale. La maturité osseuse est atteinte vers 6 ans (étude du Dr Bennett, USA). 

chronologie de croissance des os du cheval

  • P3, peu après la naissance 

  • P2, entre la naissance et 6 mois, peu allé jusqu’à 12 mois

  • P1, entre 6 mois et 1 an

  • Canon (métacarpien principal et métatarsien principal), entre 8 mois et 18 mois

  • Carpe (genou), entre 18 mois et 2 ½ ans

  • Radius, 15 à 18 mois

  • Bas du radius-ulna – entre 2 ans et 2 ½ ans

  • Glénoïde (en haut du radius), entre 2 ½ ans et 3 ans

  • Humérus, entre 3 ans et 3 ½ ans,

  • Omoplate, entre 3 ½ ans et 4 ans

  • Jarret – pas avant l’âge de 4 ans,

  • Tibia – entre 3 ans et 3,5 ans,

  • Fémur – entre 3 ans et 4 ans,

  • Encolure – entre 2,5 ans et 3 ans,

  • Bassin – entre 5 et 8 ans

Les cervicales basses sont matures vers 3 ans environ mais la nuque est la dernière portion du squelette à devenir mature. Le rachis s’ossifie vers 8 ans. Même s’il peut y avoir des variantes. 

Les structures des antérieurs évoluent majoritairement au même rythme que celles des postérieurs. Les vertèbres sont les dernières structures à être matures (selon le Prof Bennett). Chez les chevaux de petite taille, l’ossification des vertèbres peut être terminée vers 6 ans environ. Mais chez le grand cheval, celle-ci est complète plutôt vers 8 ans. Les dernières vertèbres situées à la base de l’encolure (C6 et C7, ainsi que T1-T2-T3) s’ossifieront en dernier. Bien entendu, il s’agit d’une moyenne car chaque individu est différent. Mais quoi qu’il en soit, le squelette d’un cheval n’est pas mature à 2 ans, peu importe l’individu en question.

L’apparence physique du cheval ne permet pas de statuer sur l’état d’ossification de son squelette.

le mouvement influence positivement la croissance et l’ossification

En effet, les impacts au sol permettent de solidifier l’os et de le rendre plus fort.

L’apparence physique du cheval ne permet pas de statuer sur l’état d’ossification de son squelette. Pour ceci, il faut impérativement faire des radiographies. De plus, il faut prendre en compte que certains chevaux sont plus musculeux que d’autres. Si vous prenez un PSA, il paraîtra toujours plus chétif qu’un QH de lignée roping. Pourtant le squelette du roper n’évoluera pas plus rapidement que celui du PSA. 

Au niveau des articulations, on trouve le cartilage articulaire. Ce cartilage-ci absorbe les chocs en se déformer et protéger les surfaces articulaires de l’usure. Le cartilage du jeune poulain est appelé homogène. Avec le mouvement et les contraintes, il va devenir hétérogène. Comprenez par là qu’il va se renforcir dans les zones soumises à plus de contraintes. 

C’est pour cette raison que les poulains vivent exclusivement au box sont plus sujet aux fractures de fatigue. Une étude menée sur 4686 individus à monter que les individus qui commençaient un travail tôt avaient un système musculosquelettique plus performant que les chevaux travaillé tardivement.

Toutefois, il faut prendre cette information avec des pincettes car le travail doit être justement dosé pour éviter certains écueils tels que l’arthrose précoce. En effet, si le travail vient renforcer, en excès, il peut provoquer une usure prématurée des structures. Le liquide présent dans l’articulation, la synovie, est produite en fonction de la demande. Quand le cheval est immobilisé, l’articulation se gorge de liquide. Quand le cheval reprend son activité physique, la synovie sera absorbée par le cartilage articulaire. Par conséquent, un manque d’exercice va ankyloser les articulations tandis qu’un exercice excessif va assécher celles-ci. 

De plus, l’adaptation du cartilage aux contraintes se termine vers l’âge de 2 ans. Donc si le cheval n’a pas renforcé ses cartilages avant cet âge, il sera plus prompt aux troubles articulaires. Il va de soi que le meilleur exercice pour un si jeune cheval est de rester au pré avec des congénères. 

Si on parle encore de la croissance en général, et pas uniquement du squelette, les recherches de l’IFCE ont démontré que le premier système à évoluer après la naissance est le système nerveux. Par conséquent, une bonne alimentation de la mère ainsi que du foal sont nécessaires à un système nerveux optimal. A titre d’exemple, une carence en énergie va nuire aux muscles en premier. Une carence en protéines freinera aussi le développement musculaire et osseux. Une carence en minéraux aura des conséquences sur le développement squelettique du poulain. Un excès en énergie peut provoquer des lésions telles que l’OCD. 

précautions pendant la croissance

En conclusion, voici une liste mises en garde et d’exercices à éviter avant que votre cheval ait fini de grandir.

  • Éviter les allures assises comme le trot assis

  • Éviter de mettre du poids sur le dos du jeune cheval sur une longue période (maximum 45 minutes)

  • Éviter le travail sur des sols trop durs (prévient les problèmes de jarrets)

  • Éviter la mise en main forcée

  • Éviter le saut

  • Éviter les manoeuvres mettant trop de stress sur les articulations (virages serrés, petits cercles, arrêts secs, trop de reculer, etc.).

    Il est grand temps que les décideurs en matière des différentes disciplines révisent leurs pratiques. Surtout quand il s’agit de récompenser l’entraînement intensif de chevaux en bas âge. Attention, on ne dit absolument pas qu’il faut garder votre poulain dans du papier bulle jusqu’à ce qu’il ait fini de grandir. On vous a même démontré que le mouvement et la stimulation des os étaient importants lors de la croissance. D’où la pertinence de s’entourer d’entraîneurs compétents qui connaissent bien le processus de croissance du cheval et qui vous donneront des exercices adaptés.

    La science ne ment pas les amis. De débourrer un deux ans n’est pas sans conséquences et ce peu importe la race. Celles et ceux qui réhabilitent les thoroughbred ayant coursé pourraient en dire long sur le sujet, nous en sommes convaincues. Alors s’il-vous-plait, entraînez en bienveillance. En étant éduqué et bien épaulé, on évite de devoir mettre son cheval à la retraite prématurément et ainsi profiter de sa compagnie, en santé, le plus longtemps possible.  

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